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Bulletin du Cancer
Complémentaires...ou pas ? Quelle place pour ces "médecines" en onco-hématologie pédiatrique ?
Les médecines alternatives ou complémentaires (définies par par l’OMS comme « des approches, des pratiques, des produits de santé et médicaux, qui ne sont pas habituellement considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle ») auraient-elles leur place en onco-hématologie pédiatrique ? Probablement, d’après les résultats d’une étude publiée dans le Bulletin du Cancer. Les auteurs, exerçant au CHU de Nantes et à l’Institut Curie à Paris, ont mis en place une étude bicentrique, réalisée entre 2011 et 2012 sous forme de questionnaires. Ils ont été envoyés à 218 familles, dont 16 n’ont pas été incluses et un total de 111 réponses (55%), presque à part égale entre les 2 centres.
L’âge médian des enfants à l’inclusion était de 9 ans, et un âge de diagnostic de 5,5 ans : leucémies aigues, lymphomes, rétinoblastomes. Sur ces 111 patients, 54 ont eu recours à au moins une médecine complémentaire ou alternative, soit en début de prise ne charge active (87%) soit après la fin du traitement initial (55,6%). Il s’agissait alors pour les 3 approches principales, d’homéopathie (50%), d’un magnétiseur (42,6%), d’un ostéopathe (31,5%). Les objectifs des parents et des enfants étaient d’atténuer les effets secondaires des traitements (85,2%), d’améliorer le confort et le bien être (68,5%), de diminuer les douleurs et la souffrance psychologique (61,1%). Une évaluation de leur satisfaction a été proposée, mettant en évidence un bénéfice ressenti en moyenne de 7,4/10 pour les parents, et une efficacité moyenne ressentie de 7/10.
Si la moitié des familles utilise ces techniques pour apaiser les douleurs, ou diminuer les effets indésirables de leurs enfants en onco-hématologie, on peut imaginer qu’il y a un fort engouement et pour des pratiques. De plus, les dépenses engendrées, semblaient acceptables pour ces familles.
Il nous faudra encore adapter nos modèles d’études cliniques pour permettre des niveaux de preuve acceptables, car cet aspect reste probablement le point sombre et discutable pour trouver la place de ces techniques dans nos prises en charges antalgiques. Malgré tout, il faut rappeler qu’elles sont complémentaires, et non alternatives, le traitement reconnu et prouvé en médecine conventionnelle devant être respecté.
Reference
Vanessa Menut, Etienne Seigneur, Christèle Gras Leguen, Daniel Orbach, Estelle Thebaud
Utilisation des médecines complémentaires et alternatives chez l’enfant et l’adolescent atteint de cancer : une pratique fréquente, Bulletin du Cancer, Volume 106, Issue 3, March 2019, Pages 189-200